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A propos des " Joyeux "

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A mon avis, très intéressant !

(extraits trouvés dans une revue dont il manquait la couverture, et donc le titre, mais que je présume être les Carnets de la Sabretache).


         
Commissaire-général Louis Merllié (carnet n° 49)

 

L'article sur les Joyeux, paru dans le Carnet N° 47, m'a procuré de la part de trois de nos collègues, d'intéressants commentaires.

J'ai d'abord reçu une lettre de M. Léon Thomas, professeur à l'université Jean Moulin Lyon III, qui m'indique qu'après 1962 une compagnie du dernier des bataillons d'infanterie légère d'Afrique, la 3e CILA, a subsisté jusqu'au 31 mars 1972 à Obock, dans le territoire français des Afars et des Issas. Elle était commandée par le capitaine Latini, et ses hommes portaient un calot violet (créé en 1946). M. Thomas soulève d'autre part la question du BILOM (Bataillon d'Infanterie légère d'Outre-mer). Cette formation, constituée de volontaires recrutés parmi les condamnés politiques pour faits de collaboration, débarqua à Saison les 28 décembre 1948 (1ère Cie) et 5 mai 1949 (2e Cie), mais fut très rapidement dissoute pour constituer les 1ère et 2e compagnies de marche du Sud Annam, elles-mêmes dissoutes le 31 décembre 1949. Il convient de ne pas confondre cette unité avec le 1er bataillon d'infanterie légère d'Afrique, parti pour l'Indochine en 1952 et dissous à son retour en Tunisie en 1953.

Nous n'avons pas de renseignements sur la tenue de ces compagnies éphémères : il est probable qu'elles reçurent des effets de provenance alliée, britannique sans doute.

Le colonel Carles, de son côté, m'a écrit que le musée de l'Infanterie de Montpellier possède outre un uniforme de capitaine au 3e BILA vers 1937-1938, un album de photographies provenant du 1er régiment de tirailleurs algériens et relatif à un poste saharien. On y voit plusieurs types que le colonel Carles pense être des bataillonnaires en blancos. Ils ont tous la ceinture de flanelle et un képi dont la visière paraît plus longue que celle des képis habituels. Les Joyeux ayant été qualifiés de " grandes viscopes ", il serait, dit le colonel Carles, intéressant de savoir s'ils ont eu réellement un képi à visière particulière. Certains des hommes qu'il croit des bataillonnaires portent, d'autre part, des tricots de peau à rayures horizontales. L'album de photos en question remonte à 1900.

Le commandant Sevestre, qui a servi comme officier aux bataillonnaires et à qui j'ai évidemment soumis copies de ces correspondances, m'a adressé un long commentaire que je résume ci-après :

Tout d'abord il me signale qu'il est inexact que l'infanterie légère d'Afrique (j'avais pris cette indication dans Titeux) ait pris part à la campagne de Crimée.

Le récent ouvrage paru chez Charles Lavauzelle L'armée d'Afrique 1830-1962 affirme à tort cette présence en Crimée (pp. 82 et 95). Cet ouvrage cumule d'ailleurs les erreurs en appelant les bataillons d'Afrique les disciplinaires de l'époque.

Il est en effet certain, et je l'ai répété après Mac Orlan, que l'infanterie légère d'Afrique n'a jamais été une formation disciplinaire.

"A l'époque", pour nous exprimer comme l'ouvrage patronné par le général Hure, les formations disciplinaires étaient les compagnies de fusiliers de discipline et les compagnies de pionniers de discipline.

Le commandant Sevestre pense que l'erreur de Titeux provient de ce qu'un certain nombre de régiments d'infanterie légère sont partis en Crimée où, saisis le 28 octobre 1854 par la suppression de l'infanterie légère, ils sont devenus régiments de ligne, leur dernier représentant étant le léger qui tenait autrefois compagnie au zouave du pont de l'Alma.

Le commandant Sevestre ajoute que si les bataillons d'infanterie légère d'Afrique n'ont point été en Crimée, par contre un détachement du 3e BILA a pris part à la campagne du Japon (juillet-octobre 1863), épisode qui explique le choix du motif de l'insigne du 3e BILA en 1953 (Torii de temple japonais inscrit dans un cornet).

Par contre notre collègue Sevestre confirme la création d'un régiment de marche d'infanterie légère d'Afrique en 1870 et ajoute que c'est le seul régiment qui ait jamais été constitué dans la subdivision d'arme.

Il précise en outre que le BILOM n'a jamais eu de relation avec l'infanterie légère d'Afrique.

Enfin le commandant Sevestre a lui aussi entendu parler des "grandes viscopes". Voici ce qu'il écrit à ce sujet :

"J'ai souvent entendu cette expression au 1er BILA, encore après 1949, dans la bouche d'officiers ayant servi avant 1939.

Elle n'était plus d'usage courant mais était cependant entretenue par le motif central de l'insigne du 1er BILA dessiné et réalisé avant 1939 : "Un zéphyr de la haute époque y est représenté dans la position " en prime, parez " de l'escrime à la baïonnette selon l'ordonnance du 22 juillet 1845. Il est coiffé d'une haute casquette dont l'importante visière se relève et se retrousse au-dessus du front, mais ce type est hélas, malgré tout son pittoresque, apocryphe : ses épaules sont ornées d'épaulettes à franges que le 1er BILA ignorait à l'époque de Mazagran.

"Notre collègue Sevestre ajoute : L'examen des anciennes photos de Joyeux m'a révélé des képis très bahutés, très bas, avec des visières cassées, retaillées, retroussées, mais d'un modèle initial commun, celui de toute l'infanterie française. A ma connaissance, les bataillons d'Afrique n'ont jamais porté de képi à longue visière, d'un type spécifique."

Continuant le commentaire de la lettre du colonel Carles, il ajoute : Je croirais volontiers que la photographie décrite par le colonel Carles représente non des bataillonnaires, mais des " pégriots " de Biribi, c'est-à-dire des détenus de pénitencier militaire. Ils étaient vêtus à peu près comme des bataillonnaires mais sans armes. Certains effets comme les tricots de peau à rayures horizontales peuvent révéler précisément d'anciens matelots (propriétaires de leurs effets) affectés soit aux Bat. d'Af. soit au pénitencier. En outre, la présence de tirailleurs algériens du 1er régiment est un élément supplémentaire en faveur de cette hypothèse, car des sections de tirailleurs nord-africains (ou sénégalais après 1919) gardaient les détachements des pénitenciers dans le Sud, pénitenciers alimentés pour les deux tiers par des condamnés de l'infanterie légère d'Afrique qui regagnaient les BILA après expiration de leur détention.

Les "pégriots" ont effectivement porté une casquette qu'Albert Londres a décrite dans son reportage de 1924 Dante n'avait rien vu : page 17 "La visière à bec de pélican de leur képi est fort utile sous le soleil, mais on ne peut dire qu'elle leur donne un air distingué. Page 41 : "Le grand bec des casquettes donnait à chacun une silhouette d'oiseau de proie qui n'aurait plus d'ailes"

Ainsi les grandes viscopes faisaient partie du paquetage de Biribi avant 1914, mais les Joyeux en avaient gardé le souvenir tout en portant le képi réglementaire.

L'exploitation complète de la lettre du commandant Sevestre m'oblige à ajouter que si aucun bataillonnaire n'a été en Crimée, par contre le 2e BILA a bien participé à la campagne du Mexique. Au cours de cette campagne fut constituée une compagnie d'élite de quatre-vingts chasseurs que l'on dota de la carabine des chasseurs à pied et qui bénéficie d'une haute paye " le sou de grenade " : cette compagnie reprenait la tradition de la compagnie franche, dite de Bougie, qui se signala dans les deux expéditions sur Constantine (1835 et 1837). Enfin, comme à la légion, un peloton de cavalerie fut constitué au Mexique avec cinquante chasseurs anciens cavaliers, encadrés par un sous-lieutenant, deux sergents et deux caporaux. A l'issue de cette campagne où ils se distinguèrent particulièrement, 203 chasseurs d'infanterie légère furent réintégrés dans la "Régulière" à cause de leur mérite, 175 au 1er zouaves et 28 au 1er chasseurs d'Afrique.

Additif : Pierre Charrié précise que fait unique dans l'histoire de l'armée, ce corps régulier est resté sans drapeau jusqu'en 1952; c'est-à-dire à la veille ou presque de sa disparition. Une sorte de remords de conscience....En dépit du glorieux drapeau de Mazagran et de faits d'armes nombreux, le vieil ostracisme a joué : pas de drapeau pour un corps jugé moralement douteux. C'est donc en 1952 que le bataillon d'infanterie légère d'Afrique recevait un drapeau du modèle 1880 avec les noms de batailles suivants : MAZAGRAN 1840 - MAISON DU PASSEUR 1914 - VERDUN 1916 - REIMS 1916 - LA SUIPPE 1918. Versé au Service Historique à la disparition du corps, il se trouve depuis 1977 au musée de l'Armée  

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  Oui l’article « À propos des  Joyeux » a été publié dans le Carnet de La Sabretache n° 49-année 1979.  
Re-Publié ici avec l'aimable autorisation de "La Sabretache" ©




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